L’ESPRIT DU MUSEE
Cette sĂ©rie, crĂ©Ă©e Ă lâorigine en rĂ©sonance avec les journĂ©es lyonnaises du patrimoine 2011 et rĂ©alisĂ©e sous forme de conte apocalyptique dans lâenceinte du Centre dâHistoire de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation, a pour objectif de mettre en images le poids du passĂ© concentrĂ© dans ce vaste lieu qui servit de siĂšge Ă la Gestapo, administrĂ©e sous le commandement de Klaus Barbie, entre mars 1943 et mai 1944.
Chaque photographie reprĂ©sente une mise en scĂšne de lâauteur dont le cheminement est conditionnĂ© par les diffĂ©rents espaces constitutifs du musĂ©e, de lâentrĂ©e jusquâĂ la sortie.
Il avance, il erre, il virevolte. Sorti de nulle part, il traverse le temps, ombre éphémÚre mais résistante.
Une fois par an, il arpente de ses pas silencieux les vastes salles obscures qui furent le sanctuaire de la Gestapo.
Sa premiĂšre apparition constatĂ©e remonte Ă lâannĂ©e 1992, date dâouverture du musĂ©e.
Inlassablement le mĂȘme scĂ©nario se reproduit :
Il évolue lentement dans les lieux arborant un air de désolation, de nostalgie parfois.
Il gravit les marches du bĂątiment puis, vaporeux, sâengouffre dans le dĂ©dale compartimentĂ©.
ImprĂ©gnĂ©e dâune luminositĂ© tranchĂ©e de noir, il tremble, se dilue, peut-ĂȘtre par crainte de revivre ce quâil voit.
Les vibrations sont trop fortes. Son Ăąme est confuse. Il a besoin de sâasseoir sur un banc, de sâentremĂȘler Ă lâobscuritĂ©, de sâoublier un instant.
Puis, il reprend son chemin, pĂ©nĂ©trant dans une piĂšce Ă lâĂ©clairage intense mais blafard, un endroit dans lequel il a sans doute vĂ©cu. Le contact de la table est agrĂ©able. Il se souvient, il sourit.
Mais il doit continuer, se confrontant Ă la clandestinitĂ© dâune machine ayant servi Ă imprimer tracts et faux papiers, engin quâil a bien connu, ainsi que son ami Doisneau.
Il est triste, fatiguĂ©, envahi par une Ă©niĂšme vague de mĂ©lancolie, Ă©touffant dans lâĂ©troitesse de ces murs aveugles le long desquels suinte encore la souffrance.
Il doit sâen aller au plus vite.
Cheminant entre caisses en bois et autres armoires, il dĂ©ambule vers la sortie et disparaitâŠ
AprĂšs toutes ces annĂ©es dâerrance, on en a conclu quâil concentrait en lui la mĂ©moire du musĂ©e, mettant peut-ĂȘtre en garde le visiteur que « ceux qui ne se souviennent pas du passĂ© sont condamnĂ©s Ă le revivre ».
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